La Bretagne regroupe de multiples cercles et sociétés savantes travaillant sur la matière de Bretagne. S’y intéresser permet d’ouvrir une véritable boîte de Pandore. Prenez garde. La boîte est bariolée, mal étudiée, prouve la vitalité de l’identité bretonne. Elle contient une diversité gigogne d’autres boîtes réunissant des scientifiques, des érudits et de simples passionnés.
Fondée en 1757 à Nantes, la société d’agriculture, de commerce et des arts de Bretagne est parfois considérée comme la première de ce genre en France. Elle a disparu. A l’inverse, créée par l’agronome Jules Rieffel et l’historien Armand du Châtellier, l’Association bretonne date de 1843 et est toujours présente. Elle tient son prochain Congrès sur l’histoire et l’avenir des Télécoms du 24 au 26 juin 2016 à Lannion http://associationbretonne.bzh/wp-content/uploads/2016/05/2016-05-17-Programme-Congrès-Lannion.pdf. De multiples autres cercles ont émergé, parfois de façon très récente. Le Centre d’Histoire de la Bretagne, dont nous parlerons prochainement, date de 2012 http://chb-kib.com/. Il existe donc une réelle dynamique de ces structures travaillant sur l’ensemble de la Bretagne et dont on parle peu. Elles capitalisent pourtant des savoirs pluriels, offrent sur leurs sites différentes pépites, prouvent la passion des Bretons pour leurs territoires, mériteraient plus de diffusion.
Concernant la seule thématique historique, la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne date de 1920 http://www.shabretagne.com/la-shab.php. Elle comprend à elle seule … 500 membres et organise du 1er au 3 septembre 2016 un congrès ouvert sur les pratiques culturelles bretonnes à Quimperlé http://www.shabretagne.com/congres.php. On découvre qu’elle est l’organisme exécutif de la « Fédération des Sociétés Savantes » http://www.shabretagne.com/federation.php qui regroupe cette fois 9 sociétés savantes et près de… 5 000 membres ! La société des historiens du pays de Retz regroupe 22 cercles http://www.shpr.fr/?-Federation-des-antennes- La seule société archéologique du Finistère compte plus de 1 700 adhérents http://www.le-finistere.org/. Mais ces 9 sociétés sont elles-mêmes des arbres cachant une forêt d’autres groupements peu connus concernant aussi l’histoire et l’archéologie. Sur cette seule thématique historique, il existe sans doute non pas 9 mais plus de 70 structures sur les 5 départements. Elles concernent directement des milliers d’adhérents et de passionnés. Voilà pour l’histoire !
Or, ce seul prisme historique laisse de côté une myriade d’autres sociétés traitant par exemple de la nature et de l’écologie (Bretagne Vivante compte 3 000 adhérents http://www.bretagne-vivante.org/), le patrimoine oral et musical (http://www.dastum.bzh/), l’identité (l’Institut culturel de Bretagne http://www.skoluhelarvro.net/, Bretagne Culture Diversité http://bcd.bzh/fr/accueil/…), l’horticulture (les sociétés d’horticulture de Nantes, Brest, Rennes, Saint-Nazaire, Quimper, Auray, du Goëlo…), la géologie (la très active société géologique et minéralogique de Bretagne multiplie depuis 1920 les études et différentes visites ouvertes à tous), etc.
Aujourd’hui, un des cercles bretons les plus dynamiques concerne la généalogie qui groupe de multiples sociétés. Créé en 1995, le Centre d’histoire et de généalogie du Poher compte à lui seul … plus de 1 000 adhérents ! Le site vaut le détour et alimente par exemple une revue très riche http://cghp-poher.net/association.html. Ce n’est qu’un exemple puisqu’il semble exister en Bretagne au moins trente cercles généalogiques.
Le foisonnement est incontestable et peu étudié. On trouve certes un annuaire utile mais très incomplet du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (CHTS). Recensant surtout les sociétés historiques, il ose fonctionner sur la Bretagne administrée (sic !) alors que toutes ces sociétés regroupant les scientifiques, les érudits et amateurs éclairés travaillent naturellement sur la Bretagne. Loin d’être anecdotique, ce référencement différent est le symbole de cette Bretagne et de ses milliers de Bretons qui affirment leurs territoires ou tout simplement s’y intéressent. Ils le font par là-même vivre, construisent sa mémoire, capitalisent les savoirs. Cette dynamique bretonne mériterait une étude approfondie. Par des actions concrètes, l’enjeu serait notamment de renforcer la visibilité de toutes ces actions et ces travaux, de les aider parfois à communiquer, de construire de simples sites les mentionnant, par exemple par thématique. Le savoir est l’avenir de nos territoires. Qu’on l’accepte ou pas, la Bretagne érudite ou pour le moins éclairée est à cinq. Le chantier pour valoriser ces dynamiques est immense, l’enjeu de la diffusion colossal au plan culturel, cognitif, mais aussi politique. En utilisant Internet, des acteurs isolés élèvent l’ensemble, réalisent aujourd’hui des prodiges, en appellent aux citoyens pour les aider à différents recensements concernant ici les croix et calvaires de Bretagne (http://www.croixbretagne.fr/Ccb/), plus loin repérant les espèces animales ou les oiseaux http://www.bvbrest.org/comptage-des-oiseaux-des-jardins-en-bretagne/. Le savoir est aujourd’hui moins hiérarchisé que jadis. Il devient même plus ascendant, chacun pouvant y contribuer. Si chaque Breton relayait ne serait-ce qu’une information par semaine… Ce sujet d’une Bretagne savante et des sociétés savantes mérite aujourd’hui une mise en marche. En prenant pied sur ces initiatives plurielles et complémentaires, comment mieux associer le savoir de cette Bretagne à la société bretonne ?
Le Comité de Rédaction