Des ormeaux d’élevage certifiés bios. Il y a une quinzaine d’années, alors thésard en Australie, Sylvain Huchette était certainement le seul à y croire. Aujourd’hui, il produit 8 tonnes d’ormeaux et a créé 6 emplois à Plouguerneau avec des débouchés sur les marchés ou dans la restauration. La société Haliotis s’est aussi installée à Groix. A l’origine, personne ne croyait vraiment à ce projet inédit concernant une espèce fragile, parfois pillée et en voie de raréfaction, d’autant que l’espèce doit se développer 5 ans avant de pouvoir être commercialisée.
Lorsqu’il revient en France en 2003 (après une thèse sur les ormeaux), Sylvain Huchette met trois ans pour avoir son plan de financement (2006), doit peiner 7 ans pour obtenir enfin une concession permettant d’élever l’ormeau en pleine mer (2014). Aujourd’hui, sur le site de Plouguerneau, 1 million de naissain sont élevés dans une écloserie-nurserie à terre et 120 bacs d’élevages sont immergés en pleine mer. Le label bio a été obtenu dès 2012 et l’entreprise, présente également à Groix, est la seule au monde à disposer de cette certification, ce qui permet aussi, comme en Irlande, de regénérer l’espèce et parfois de la réintroduire dans son espace naturel.
Pour mener à bien ce projet, les « oreilles de mer » (skouarnioù-mor en breton) ont été entendues, en réalité patiemment écoutées. Cet exemple d’une PME naissante rappelle des considérations évoquées dans notre dossier mer https://www.construirelabretagne.bzh/dossier-10-et-si-la-bretagne-renouait-avec-son-destin-maritime. Tout y est. Une entreprise pionnière. La réconciliation terre (élevage des naissains) – mer (croissance pendant 2 ans et demi en pleine mer) et donc armor-argoat. Une pêche de proximité valorisant la ressource. Le temps nécessaire pour comprendre l’espèce, son environnement naturel, aider l’écosystème local pour l’accompagner. La terrible course d’obstacle administrative et autre (l’acceptabilité des riverains) avant de pouvoir enfin se lancer. Sous condition, l’homme n’est plus le prédateur de l’environnement mais peut être son accompagnateur. On retrouve aujourd’hui ce défi breton pour d’autres ressources bretonnes (les algues notamment dont on reparlera). Les Bretons importent des algues alors qu’ici elles foisonnent. Des industriels souhaitent ramasser et valoriser les algues vertes avant leurs échouages (qui suscitent alors leurs putréfactions) mais ils se heurtent à différents lobbys préférant les enfouir (à 40 Euros la tonne), voir qu’elles s’échouent (le ramassage en amont des algues vertes justifierait la filière porcine !). Aujourd’hui, l’avenir breton sera de terre et de mer ou ne sera pas. Le mariage est lent, exigeant. Ce sont toutefois ces procédés et innovations qui accompagneront l’essor durable de la Bretagne de demain.
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Contact :
Haliotis.
Kerazan
29880 Plouguerneau
0298371739
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Pour aller plus loin sur l’halioculture (élevage des ormeaux) :
Film TV5 monde : http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/Revoir-nos-emissions/Epicerie-fine/Episodes/p-28805-Les-ormeaux-de-Plouguerneau.htm
Dossier : http://www.francehaliotis.com/resources/culture+marine+d$C3$A9c+2010.pdf
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