Le projet éolien de Béganne a fait couler beaucoup d’encre. Il s’agit du premier parc éolien participatif de France. Si ce genre de projet est assez commun au Danemark ou en Allemagne, il a fallu en Bretagne 12 ans de négociations acharnées dans ce pays victime du centralisme et « d’une cécité énergétique » (V. Debroize).
L’opération est un tour de force qui montre que les citoyens, à partir des potentiels locaux, peuvent construire une économie de la réappropriation. Initié en 2002, le projet de construction d’éoliennes a en effet réuni 1400 adhérents investissant entre 23 et 30 000 Euros (la rémunération sera de 4 % pendant les dix prochaines années). Il a permis de manière participative d’utiliser tout simplement le potentiel énergétique local, avec la construction de quatre éoliennes qui assureront l’autonomie électrique de 5 communes, tout en assurant aux investisseurs locaux des dividendes.
Déjà, dans les Côtes d’Armor, Saint-Gouéno avait réalisé un projet comparable mais les fonds participatifs étaient moindres. Dans le pays de Brocéliande, Plélan-le-Grand a aussi lancé en 2008 « un placement éthique » et plus concrètement permis à la commune d’être indépendante au plan énergétique. Cette fois, à Béganne, les investissements des Bretons sont majoritaires et la dynamique va assurer l’autonomie électrique (hors chauffage) de 8 000 familles et de 18 000 personnes qui vont bénéficier d’une énergie écologique produite localement et rapporter des dividendes aux populations. La Bretagne contamine. Un second parc est en construction dans une commune voisine à Sévérac-Guenrouët dans le 44 en Loire-Atlantique. Un autre acte « d’énergie partagée » est en place depuis 2010 à La Limouzinière (toujours dans le 44). Bénéficiant des vents atlantiques, ce parc breton était initialement financé à hauteur de 18 % par les citoyens. Son rachat en octobre 2014 par Enercoop, Nef et Energie Partagée permet d’atteindre 62 % de maîtrise locale. Construire la Bretagne, c’est nous prendre en charge et valoriser le potentiel pour produire de l’énergie écologique. Construire la Bretagne de demain, c’est produire de l’énergie non polluante et renouvelable grâce au potentiel énergétique du pays (le vent, le bois, les courants, les marées…).
Construire la Bretagne de demain, c’est tout simplement utiliser en boucle le potentiel énergétique présent sous nos pieds pour valoriser l’économie et l’environnement de la région (valorisation des énergies renouvelables, développement économique par l’écologie, création d’emplois et d’activités évidemment durables et renouvelables pour la région).
Le Comité de Rédaction