A l’origine d’un mouvement girondin, la Bretagne est une région qui se retrouve orpheline, bras cassé, apparemment inaudible malgré 30 000 personnes à Nantes ou la force du mouvement des bonnets rouges. La force fait face à la farce. Si l’on a bien compris, la « grande affaire du quinquennat » était la décentralisation. Elle semblait proposer une réelle réforme territoriale supprimant les départements et créant des régions fortes. Or, la prime unique est aux « métropoles » qui deviennent des Paris en province. On tue les territoires pour créer des niches avec des « pôles » qui réuniront les plus riches. A coup de milliards, on se gave de pôles d’échanges multimodaux qui oublient les mobilités quotidiennes. Le budget de rennes Métropole -tout un « programme »- évoque 368 millions pour les transports, 144 millions pour la voirie et les réseaux avec le but ultime de créer un « pôle multimodal » qui profitera bien sûr aux cadres.
Plus largement, les départements dont on souhaitait la disparition sont maintenus. Jean-Louis Guigou, directeur de la DATAR, disait déjà dans les années 1990 que la stratégie de Paris était de diviser pour mieux régner. Le constat en 2015 est identique : 1,5 milliards pour la région, 1,4 milliard pour Rennes et Rennes Métropole, 1 milliard environ pour chaque département. Alors que le métro parisien coûtera 29 milliards !, les individus sont actuellement bernés par une devise prônant incessamment « l’égalité républicaine » pour mieux la proscrire. Sur la seule année 2015, les actionnaires du CAC 40 ont reçu 56 milliards d’Euros.
Tout va bien à Paris. A l’inverse, nombre de Bretons sont en difficulté. Loin de la Tour Eiffel, ils voient leur pouvoir d’achat s’affaisser. Les régions ont récemment été niées (Bretagne, Alsace) ou compilées dans des magmas inodores. On a parlé de décentralisation mais nous sommes bernés et il ne se passe strictement rien pour reconnaître enfin la Bretagne cinq sur cinq, valoriser la diversité culturelle, aménager les territoires ruraux. L’annonce de la décentralisation, « grande affaire du quinquennat », a été une gigantesque farce. Les Bretons comme d’autres français sont trahis. Paris est de plus en plus loin de la France. Ce nombrilisme devient insupportable.
Le comité de rédaction.