Lancé en 2005, le pôle de compétitivité Images § Réseaux fonctionne de manière quasi exclusive sur l’ensemble de la Bretagne. Il regroupe désormais plus de 245 adhérents et dynamise 6 domaines d’excellence concernant les nouvelles technologies numériques de l’image et des réseaux -fixes ou mobiles- de distribution de contenus. Il s’agit d’un des rares pôles de recherche en Europe et dans le monde travaillant sur la convergence des télécommunications, de l’audiovisuel et des technologies de l’information. Si 10 % de ses adhérents sont des grandes entreprises, 72 % sont des PME et starts-up numériques, sans oublier les 12 % d’effectifs en provenance de grandes écoles (plus de 800 ingénieurs) et la présence de diverses structures dédiées au développement (6 %). Il est parmi les 71 pôles de compétitivité français et un des rares à être qualifiés de « mondial ». Fort de 556 projets labellisés, il a directement financé 260 projets tout en investissant 688 millions d’Euros en R§D depuis 2006 et regroupe à lui seul 15 % des emplois français dans les TIC. La Bretagne est ainsi devenue derrière l’Ile-de-France la deuxième région française dans ce domaine un pôle mondial incontournable notamment dans le secteur de l’image. Cette performance incroyable (en 1950, la Bretagne est dans une situation lamentable et la moitié des fermes n’a pas l’électricité !) s’explique grâce notamment à la volonté d’hommes comme René Pleven. Directeur pour l’Europe de l’Automatic Telephone Company, le dinannais rejoint à Londres le général de Gaulle dès juin 1940 et en devient le principal collaborateur avant d’embrasser une carrière politique plurielle. En Bretagne, sa présidence au C.E.L.I.B, son réseau international et les liens entretenus avec d’autres bretons comme le lannionais Pierre Marzin conduisent au lancement d’une filière téléphonie puis Telecoms en Bretagne (création du CNET à Lannion, implantation des grandes écoles etc.). Le pôle Images § Réseaux est né de cette détermination bretonne.
Aujourd’hui, la filière est jugée majeure par l’Etat pour les investissements d’avenir (+ de 4,5 milliards d’Euros d’investissement en France) et l’on sait le rôle joué par le numérique ou les images dans nos vies quotidiennes. La carte ci-jointe des relations économiques effectives isole la présence d’un incubateur numérique localisé à 95 % en Bretagne, même si des partenariats indispensables touchent Laval (notamment pour la réalité virtuelle), Angers et la Normandie. Toutefois ce pôle est breton et l’affirmation claire de cette excellence en renforcerait la puissance tout en donnant à notre région le sceau de la modernité. Or, lorsque l’on fait sur le Web des recherches sur le pôle « Images § Réseaux », on ne sent pas cette bretonnité pourtant réelle. Le pôle est tour à tour breton, de Bretagne et des Pays de la Loire, du « grand » Ouest, parfois même accaparé par la région des Pays de la Loire (cf « L’action économique de la région Pays de la Loire ») !
Il est clair que cette communication territoriale pour le moins obscure et trouble ne favorise pas la notoriété ou la lisibilité d’un pôle territorial qui se veut attractif et mondial. S’il est « Ouest », où vont le localiser les chefs d’entreprises … notamment ceux du « Far West » et de la Silicon Valley ? S’il s’affiche « ligérien » alors qu’il est breton, la perte de cohérence est aussi manifeste. On parlait de la « Silicon Valley ». Ce nom est devenu mythique car situé, valorisé par un travail de fond sur une image régionale forte, typée et « tendance » (la Californie, le surf etc.) qui, contrairement à une idée reçue, n’allait pas du tout de soi et exerce désormais un effet d’appel, notamment auprès des jeunes informaticiens. N’oublions jamais le rôle de l’image d’un territoire pour son attractivité économique. Or, malgré les efforts et actions de différents acteurs, notamment de Bretagne Développement Innovation qui a compris cet enjeu, les politiques essentielles de communication restent pour lors trop hétéroclites. Nous disposons en fait d’une forme de « Silicon Valley » bretonne trop peu activée qui oublie la réalité d’un mode de fonctionnement effectif. De fait, la Bretagne est actuellement perdante et noyée dans ces appellations multiples et parfois mensongères. Il est clair que ce tumulte ne concourt pas à la localisation ou à la notoriété d’un pôle qui est pourtant à 95 % breton. Il faut en arrêter avec ces sottises et à l’inverse faire correspondre la réalité de ces flux avec une appellation porteuse associée à la présence d’un cadre de vie singulier (la mer, les paysages, le souffle, le vent, les sports nautiques parfois extrêmes etc.). Osez osez la Bretagne ! Le pôle image § Réseaux est d’ores et déjà breton. L’affirmation de compétences nettement situées en renforcera l’efficience.
Le comité de rédaction