Le pôle universitaire « ouest » ou « Bretagne Loire » vient d’être recalé sur les investissements d’avenir. Cet échec mène concrètement à une perte de 16,5 millions d’Euros par an pour la recherche scientifique.
Pourquoi cet échec ? Ce n’est visiblement pas la qualité de la recherche qui est en cause. Le jury international souligne à l’inverse la « force scientifique » du pôle. Il retient la qualité des actions de « transdisciplinarité et l’innovation ». La qualité scientifique des chercheurs n’est pas remise en cause et c’est au contraire un point fort du dossier.
Alors, dira-t-on, où est le problème ? Une seule phrase du rapport d’évaluation, cité aujourd’hui par Ouest-France, résume l’ensemble. Le jury international a estimé que « le modèle proposé n’est pas propice à la construction d’une entité mondiale avec une grande visibilité internationale. Malgré l’excellente capacité scientifique, la taille de la zone géographique couverte par le projet couplé à la complexité institutionnelle proposée, n’est pas propice à la transformation ».
Comment en serait-il autrement ? Avec un magma courant du Mans à Brest, une appellation ridicule tour à tour « Bretagne Loire ou Ouest », comment être lisible ? Avec 1 006 kilomètres, la Loire traverse la France. Le terme également de Ouest, fut-il « Grand », est aussi totalement indéterminé et désastreux pour une image internationale exigée par le jury. Chacun est à « l’ouest » d’un autre. Pour les chercheurs canadiens ou californiens, l’ouest c’est l’Asie.
Avec des erreurs stratégiques et de marketing territorial aussi manifestes, la recherche bretonne va perdre chaque année les sommes considérables évoquées (16,5 millions d’Euros) au moment précis où des innovations clé concernant les sciences du vivant, les biotechnologies, l’univers du numérique etc. n’ont besoin que de quelques deniers pour être finalisées. Les porteurs du « projet Idex pour les universités de l’Ouest » portent donc une immense responsabilité. Par leur refus dogmatique de la Bretagne, ils privent les chercheurs de ressources indispensables. Une appellation « Bretagne » eut évidemment été reconnue, impossible même à refuser, en raison de la force de notre identité, de la notoriété du pays et d’une « patte » scientifique incontournable liée à l’originalité même du pays (le premier pôle européen et la moitié des chercheurs français travaillant sur la mer, les performances de la recherche sur le numérique et le T.I.C par exemple…). Quand va-t-on cesser ces découpages fumeux et illisibles ? Manque de « visibilité » nous dit le jury. A force de méconnaître et de nier la Bretagne, des personnes coupables d’erreurs marketing aussi monumentales envoient la recherche bretonne dans le mur et lui font tout simplement perdre de manière annuelle des millions d’Euros.
Le Comité de Rédaction de construirelabretagne.org