Devant plus de 4 000 personnes, le 112e Congrès des Notaires de France s’est ouvert hier à Nantes à la Beaujoire. Cette séance plénière fut impressionnante et passionnante, tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, dans un contexte tendu pour la profession, il est rare de voir une telle qualité d’écoute, la passion des professionnels pour leur métier et la justice, la capacité malgré tout à se projeter dans le futur.
D’autres cercles et pouvoirs pourraient s’inspirer de cette éthique des juristes. En présence notamment du garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas et de la maire de Nantes, Johanna Rolland, la séance a permis d’exposer les performances d’un pouvoir juridique breton dont la compétence s’exerce sur cinq départements. Avec des interventions puissantes et de très haut niveau (notamment de Pierre-Luc Vogel, Malouin et Président français du Conseil supérieur du Notariat ; du binôme Loïc Lécuyer et Damien Ruaud, respectivement Président du Conseil régional de la Cour d’appel de Rennes et Président de la Chambre des notaires de Loire-Atlantique), il était à proprement parler fascinant de constater la puissance de cette région fonctionnant 5/5, la sincérité des notaires pour évoquer des enjeux dépassant largement leurs propres intérêts (l’importance du maillage territorial, d’un accès équitable pour l’ensemble des citoyens, l’importance cruciale d’une dynamique éthique maintes fois réaffirmées de façon solennelle).
La Bretagne était présente de fait, existait telle quelle, démontrait alors son degré d’expertise juridique, une capacité supérieure d’innovation qui se traduit par des actes très concrets et s’étendra dans d’autres régions. L’identité était évidente, affichée, faisant franchement rêver à une Bretagne administrée et puissante qui serait juste. Elle allait de soi, non par militantisme mais car elle permet aux notaires bretons d’être plus puissants et performants, ce qui explique aussi leurs aptitudes à obtenir des postes clés. Une Bretagne en marche obtient des postes de premier plan (comme par hasard René Pleven fut garde des Sceaux, la présidence nationale revient aujourd’hui régulièrement à un Breton). Sur le fond, il était alors curieux de voir Johanna Rolland (par ailleurs auteur d’un excellent discours) évoquer l’importance à Nantes « de l’histoire pour bâtir le futur » … sans citer une seule fois le mot Bretagne. Hier, même si l’intervention du Président des Pays de la Loire Bruno Retailleau fut aussi remarquable, il était même insolite de voir un décalage entre une Bretagne effective et des institutions qui existent. D’un côté, les représentants de ces dernières, bien loin de critiquer le Conseil régional des Notaires bretons, reconnaissaient leurs performances et en faisaient même l’éloge. De l’autre, ils laissent sur la touche ce sujet du découpage ou font comme si l’anomalie bretonne n’existait pas. C’est ainsi.
Malgré tout, une journée exceptionnelle, impressionnante notamment par la précision presque chirurgicale des termes employés, l’intelligence et finesse d’esprit des analyses, la subtilité des propos, la capacité des gens, malgré toutes les difficultés, à se respecter et s’écouter. Objectivement, il est rare aujourd’hui de pouvoir assister à des assemblées d’un tel niveau d’exigence intellectuelle et éthique.
Le Comité de rédaction