Jean-Patrick GILLE : Député d’Indre-et-Loire [Voir son site]
Le 18 juillet, au petit matin, l’Assemblée nationale a adopté en 1ère lecture l’article 1 du projet de loi relatif à la délimitation des régions et aux élections régionales et départementales qui aboutit à la création d’une nouvelle carte à 13 régions.
Or, 3 petits poucets restent bien seuls, côte à côte : la Bretagne, les Pays de la Loire et le Centre…
1/ Le projet de loi relatif à la délimitation des régions et aux élections régionales et départementales vise à regrouper des régions en 2016 par l’addition de régions actuelles sans modification des départements qui les composent.
Il met en place un droit d’option pour les départements de 2016 à 2020, sous certaines modalités.
Enfin, il prévoit le dépassement des départements en 2020 et fixe un nouveau calendrier électoral pour les élections régionales et départementales en décembre 2015.
2/ La Région Centre avec qui ?
Le choix du cœur est l’ouverture à l’ouest de notre actuelle région, en suivant le cours historique et patrimonial de la Loire, donc vers la région Pays de la Loire.
La difficulté est que la Bretagne souhaite récupérer la Loire-Atlantique mais les Pays de la Loire ne veulent pas s’en séparer, et que les rapprochements se font par bloc régional.
Début juin, le Président de la République a retenu in extremis un regroupement avec Poitou- Charentes et Limousin. Le mérite de ce projet fut de constituer une grande région avec l’A10 comme épine dorsale jusqu’à la mer.
Seulement, le Limousin fut retiré de ce projet le 9 juillet par le rapporteur qui a ensuite proposé le retrait du Poitou-Charentes mardi 15 juillet au matin.
Aussi, à quelques heures de l’examen du texte en séance publique, la Région Centre s’est retrouvée seule !
3/ Ma position : pour une grande région Val de Loire
Anticipant cette situation dès le week-end des 12 et 13 juillet et conformément au vœu du Conseil régional du Centre, nous avions déposé avec Jean-Marie BEFFARA, vice-président de la région Centre, un amendement proposant la fusion avec les Pays de la Loire. Il reprenait celui que les sénateurs socialistes avaient réussi à faire adopter au Sénat avant que cet article soit purement et simplement supprimé.
Pour autant, dans la nuit du 17 au 18 juillet, dans le débat en séance publique, j’ai souligné qu’il s’agit pour nous de soutenir le regroupement de la Bretagne historique à cinq départements, de créer une région Val de Loire qui a plus de sens historiquement et géographiquement que les actuelles régions Centre et Pays de la Loire.
J’ai rappelé que cette région a une visibilité mondiale reconnue par l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco et donc que cette fusion faciliterait par la suite le départ de la Loire-Atlantique vers la Bretagne.
C’est pourquoi nous avons eu dans la nuit le soutien des élus bretons du groupe écologiste et du groupe UDI avec Philippe Vigier et Maurice Leroy, Président du Loir-et-Cher, très engagés sur la même voie.
4/ Un droit d’option malheureusement verrouillé
Il est dommage que le rapporteur du texte ait préféré geler une situation curieuse, à savoir finalement trois régions qui restent seules, côté à côte : Bretagne, Pays de la Loire et Centre.
Le verrouillage de celui-ci s’est particulièrement exprimé à l’article 3 portant sur le droit d’option, c’est-à-dire la possibilité pour un département de changer de région entre 2016 et 2020 : pour cela, il devra obtenir l’accord de la région de départ et de celle d’arrivée à une majorité des 3/5 – autant dire que cela n’arrivera jamais.
Pour toutes ces raisons, bien qu’étant favorable à une nouvelle étape de la décentralisation et à un renforcement des Régions, je ne voterai pas le texte en l’état. En effet, notre région est condamnée par ce statu quo, à devenir la plus petite région de France du point de vue démographique et économique (hors Corse) alors que nous avions fait preuve d’ouverture et d’une réelle volonté d’avancer.
5/ Poursuivre le combat car rien n’est figé
Je vais continuer à me battre pour l’élaboration d’une grande région Val de Loire au tracé plus innovant et précis comprenant le Maine et Loire, la Sarthe et pourquoi pas la Vienne.
Certes, cette région serait dépourvue d’une métropole (plus de 500 000 habitants) mais cela serait compensé par un fort développement le long de l’axe ligérien d’Angers à Orléans.
Cette réforme ne peut pas se faire sans consulter ses habitants. Une mobilisation populaire devrait permettre de faire bouger les choses pour la deuxième lecture à l’automne. C’est pourquoi je compte sur la mobilisation des Tourangeaux afin que ce redécoupage ne soit pas un travail technocratique du centralisme parisien mais épouse les aspirations des habitants et les identités culturelles de nos territoires.
Jean-Patrick GILLE : Député d’Indre-et-Loire [Voir son site et son intervention à l’Assemblée Nationale]